Cinq chartes royales témoignent de l’importance historique de Capdenac. La première, date de 1320, et fut rédigée par Philippe le Long. Ces chartes offraient des droits et privilèges aux habitants de Capdenac, qui avaient autrefois, fièrement résisté à l’envahisseur romain. Les autres chartes ne feront que confirmer celle de 1320.
La charte de 1320
« Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, faisons savoir à tous, tant présents qu’à venir, que nous avons vu des lettres dont la teneur est la suivante :
Jean, par la grâce de Dieu, roi des Français, savoir faisons à tous présents et à venir, que nous avons vu les lettre contenant certaines libertés et privilèges des consuls, habitants et manants du lieu et district de Capdenac, dont la teneur suit :
Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Français, faisons savoir à tous tant à présent qu’à venir, comme quoi, par un rapport digne de foi, et par la lecture qui nous a été faites de certains documents antiques, nous nous sommes assurés que la place de Capdenac, située à l’extrémité du Quercy, sur le causse d’une montagne haute, escarpée et entourée de tous côtés par le lot, rivière navigable, est un lieu de sa nature inexpugnable extérieurement et sur tout autre point, de même que Laudunum (Laon) ; qu’il a été considéré comme tel, et que c’est cause de cela qu’il a reçu le nom d’Ucce-Laudunum, et qu’il est le seul ; qu’il a été d’un grand secours, en méprisant les attaques et les légions de César et des romains lorsqu’ils ravageaient notre royaume ; et qu’il leur aurait résisté, si la privation d’eau, empêchant les habitants de résister, ne les eut contraints de se rendre d’eux-mêmes, au grand détriment de ceux qui avaient porté les armes, lesquels périrent, ou au moins eurent les mains coupées ; de telle sorte qu’après cet événement, le nom d’Ucce-Laudunum fut changé en celui de Capdenacum, pris de la figure du lieu, qui est celle d’une tête de barque.
Pour ne plus s’exposer à une pareille catastrophe, les habitants ont, avec beaucoup de peines, d’intelligence et de frais, construit dans l’intérieur de la ville, une nouvelle fontaine creusée dans le roc, qui leur fournit abondamment de l’eau. Ainsi comme à tout autre égard, la place est regardée comme imprenable. Le roi Pépin, notre prédécesseur, avait, dans le temps, donné la tour qui est dans Capdenac et qu’on appelle de Schriniol, à l’abbaye de Figeac, dont il est le fondateur, pour qu’elle y mît ses titres et ses riches ornements en sûreté et à l’abri des Francs. Lesdits habitants ont été si fidèles et si dévoués à nous, à nos prédécesseurs et à la couronne de France, qu’ils ne sont jamais soumis à aucun autre prince, encore moins aux princes d’Angleterre, qui sont nos ennemis.
Tous nos fidèles sujets furent toujours traités humainement, protégés et gardés, avec tous leurs biens ; c’est pourquoi ils ont consacré toutes leurs ressources à maintenir ladite forteresse dans notre obédience par des veilles de jour et de nuit, par la réparation des murs et des tours, par le paiement des soldes des gardes et du capitaine.
Et ces dépenses, ils les ont consenties en échange de l’immunité financière, c’est à dire, de l’exemption des contributions ou impositions décrétées par nos prédécesseurs, nos lieutenants et nos officiers, lesdits habitants de Capdenac, tant les nobles que les autres, nous suppliant humblement de leur faire la grâce, pour les motifs déjà cités, de les maintenir, conserver et protéger, eux et leur successeurs, dans leurs susdites libertés et exemptions de toutes contributions. Les mêmes habitants nous suppliant également, sauf pour l’appel à Nous-même ou à notre Sénéchal de Rodez, de faire en sorte que personne d’autre que leur propre juge d’ordinaire n’ait le droit de les assigner et poursuivre, attendu qu’en raison des insécurités nées de la guerre et des conflits, il leur est impossible de compter sur une justice sereine de la part des Sénéchaux de Périgueux et de Cahors ayant juridiction sur les terres du Quercy.
C’est pourquoi considérant comme juste et équitable de sanctionner les mérites de nos fidèles sujets par quelques dignes récompenses, et dans l’intention de les affermir et de les encourager aussi dans la réparation de ladite forteresse, la défense de celle-ci, l’entretien des gardes et du capitaine dudit château et le paiement de leurs soldes.
Nous disons, voulons, et déclarons lesdits habitants du château de Capdenac et de tout même district quittes, exempts et libres de tout impôt, subside et tribut levés sur eux et sur leurs biens ou susceptible de l’être dans l’avenir, que ce soit pour fait de guerre, passage d’armée, salaire de gens d’armes ou pour toute autre cause quelconque, et c’est notre volonté que lesdits habitants soient maintenus et conservés dans ces privilèges.
Et pour augmenter nos largesses en faveur de ce que nous voulons maintenir et garder dans leurs dites franchises, libertés, immunités et exemptions précitées, Nous les soustrayons à toute juridiction, connaissance, information et comparution aux assises des Sénéchaux de Périgueux et de Cahors, étant sauf également, après ladite Sénéchaussée de Rodez, le droit d’appel, par dévolution, au Parlement de Toulouse institué depuis peu.
Enjoignant à tous nos lieutenants en lesdites régions et à tous les autres officiers de justice, ainsi qu’à quiconque d’entre eux qui en aura été requis, de veiller à ce que les dits Consuls, manants et habitants desdites forteresse et châtellenie de Capdenac usent, profitent et jouissent paisiblement et tranquillement de ces prééminences, privilèges et prérogatives, ordonnant aux dits lieutenants et officiers de s’employer à défendre et protéger ces mêmes suppliants dans ces mêmes droits.
Parce que nous avons voulu et décrétons qu’il en soit ainsi, parce que nous l’avons concédé et le concédons par grâce spéciale et de notre pleine autorité royale, Nous voulons, entendons être obéi ainsi par tous nos sujets placés sous l’autorité de nos représentants en cette région.
Et pour que la concession de maintenant ne puisse être violée dans l’avenir, nous avons fait apposer notre sceau sur les présentes.
Donné à Vincennes, l’an 1320, au mois d’avril. (Philippe) Nous autorisons, approuvons et confirmons les précédentes lettres et privilèges. Donné à Paris, au mois de juillet 1361. (Jean) Nous les autorisons, approuvons et confirmons selon leur teneur. Donné à Salvanès, au mois d’octobre 1393, et de notre règne le 13° » (Charles).
Les écrits anciens
En 1214, le chroniqueur Pierre de Vaux, moine de Cernay, souligne le caractère important et historique de cette « place forte très puissante ... qui, dès l’antiquité, avait été comme un nid et un refuge de rebelles ».
En 1320, dans la charte de Philippe V le Long on peut lire ces mots : « …notre ville de Capdenac, jadis nommée Uxellodunum »
En 1361, la charte de Jean II le Bon, mentionne et confirme la charte de 1320.
En 1369, (avril, novembre), les chartes de Louis 1er, Duc d’Anjou, 2e fils de Jean II le Bon, lieutenant du Roi Charles V le Sage, confirment les précédentes. Elles authentifient la charte de Charles VI d’Octobre 1393, laquelle s’y réfère, (voir encadré).
Au XIVème siècle encore, un procès entre les Armagnac et la ville de Figeac mentionne : « … Capdenac, dit Uxellodunum ». (Archives de Figeac)
En 1443, acte mentionnant la vente du « champ de Cani », situé encore actuellement à Laroque (archives de monsieur le curé de Capdenac) : « Cani », probablement de « Caninius », légat de César.
En 1543, dans l’édition Latine des « Commentaires sur la Guerre des Gaules » sortie des presses de Vascosan, Uxellodunum est placée sur la rive droite du Lot à Capdenac en Quercy.
En 1589, Blaise de Vigenère rapporte que « la plus commune opinion place Uxellodunum à Capdenac en Quercy ».
En 1634, le duc Henry de Rohan, gendre de Sully, traduit Uxellodunum par Capdenac.
En 1648, Philibert Monnet, dans sa géographie générale des Gaules, place Uxellodunum à Capdenac sur le Lot.
En 1715, Pigeniol de la Forge signale le premier les privilèges accordés à Capdenac par Philippe le Long.
En 1717, Capdenac est officiellement nommé Uxellodunum dans les actes de la célèbre Université de Cahors.
En 1723, l’Historien Anquetil place Uxellodunum à Capdenac.
En 1816, après avoir mené les fouilles, les frères Champollion situent Uxellodunum à Capdenac (« Nouvelles recherches sur la ville gauloise d’Uxellodunum »).
En Août 1865, la commission Laquiante, entérine ces déductions.
En 1865 toujours, le document A. Morin se termine ainsi : « Capdenac est Uxellodunum … et il en sera ainsi pour tous ceux qui reconnaîtront un individu à son exacte ressemblance avec la peinture physique et morale qui en aura été faite. » (archives dép. du Lot)
En 1956, le comité de recherche Sors / Ventach / Marty, conclue de même.
En 2004, l’Association pour Uxellodunum à Capdenac confirme.