Uxellodunum à Capdenac

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L’évidence

Capdenac Uxellodunum

Carte d’Uxellodunum d’après Champollion

Capdenac a toujours été « une ville », habitée depuis le paléolithique. Les vestiges d’une occupation ininterrompue sont présents et bien visibles sur le site, lequel comptait plusieurs abris sous roche. Des vestiges de murailles Gallo-Romaines sont visibles en divers points du site.

Cet oppidum est entouré par « une seule vallée », où « une seule rivière indétournable coule au pied même d’un promontoire ». Compte tenu de ses défenses naturelles, la place forte de Capdenac était défendable par peu de combattants et les 2 000 résistants présents dans la place suffisaient à en interdire la prise. Ils n’avaient guère qu’une centaine de mètres de mur/fossé à tenir, le reste de l’Oppidum étant « escarpé de toutes parts » ou « très difficile d’accès par des hommes en armes ». La ville fortifiée ne peut être facilement atteinte qu’au Nord, par un passage praticable de 100 m environ, (où se trouvent les vestiges mur/fossé), situé entre des abrupts. La fontaine est située à l’Ouest en contrebas de cet « étranglement » (interuallum).

A l’époque du siège, l’oppidum était plus étendu (comme l’indiquent, à l’Ouest, des vestiges de murs Gaulois sur la première terrasse), et surtout plus escarpé. La roche instable cède régulièrement et la ville fortifiée a perdu une bande atteignant plus de 10 m en plan et sur sa circonférence. Une amorce d’ogive médiévale s’ouvre dans le vide au Nord Est du village, témoin d’un impressionnant affaissement survenu voici plus de 600 ans, et portant sur environ 6 m en plan pour près de 80 m de longueur … Ces dégradations se poursuivent encore de nos jours.

La surface de l’oppidum à l’époque gauloise, était au plus de 9 hectares.

La « rivière » Lot est « importante » (10 m de profondeur pour 130 m de large de part et d’autre de l’interuallum) et baigne « une seule vallée »

Une « abondante fontaine jaillit au pied du mur de la ville, près du seul espace de 300 pieds, (100 m), laissé libre du côté que n’entoure pas la rivière ». Cette « fontaine » Gauloise, remise au jour en 2003 par l’APUC, est bien située « au pied des murs de la ville ». Des vestiges de murailles ont été retrouvés début 2005 en lieu et place indiqués par le texte. 

« ... au pied des murs de la ville ... ».

Elle est, comme naguère, aisément accessible tant par les hommes que par les animaux. Un puits de 5 m de diamètre la rend aisément utilisable depuis l’intérieur des fortifications.

Puits fontaine gaulois - Dessin de Roger Marty

Pour interdire aux assiégés de venir puiser l’eau à la rivière, « des archers, frondeurs et machines de guerre doivent être placés sur les rives opposées ». D’innombrables projectiles, (galets arrondis, taillés ou non et de toutes tailles), ont été retrouvés sur les lieux de fouilles, au pied des escarpements rocheux, aux bas des rares chemins antiques accédant au Lot, ainsi qu’en maints endroits de Capdenac. Plusieurs pointes de flèches et traits de fer y ont également été retrouvés.

Ensemble remparts, fontaine gauloise, agger et tour romaine (André Sors 1965)

Une « terrasse, (agger), est édifiée et supporte une tour de 10 étages » dont le sommet « domine le faîte de la fontaine », mais pas les murs de la ville « qu’elle ne saurait atteindre », (il eût manqué environ 18 m). Les vestiges de l’agger sont visibles sur le flanc Nord Ouest de l’oppidum de Capdenac, à 120 m de la fontaine Gauloise. En 1840, la route nationale 594 coupe l’agger en son milieu et en bouscule les déblais vers le bas. Un important mobilier, débris d’amphores, tuiles Romaines, (tegulae), projectiles de fronde, etc., a été découvert dans la partie non détruite. En 1957, il a été possible d’étudier le bâti de la terrasse-agger avant qu’il ne soit presque totalement démoli. Les restes d’une poutre antique encore debout en place ont également été dégagés et son analyse au C.14 a donné comme limite d’age la fin du 1er siècle avant notre ère.  

Au sommet de l’épaulement ont été trouvés deux trous maçonnés d’environ 0,50 m de diamètre, qui semblent avoir été ceux destinés à l’ancrage des piliers de la tour. Une coupe pratiquée dans le flanc de ladite terrasse, a révélé une couche d’incendie de 60 cm d’épaisseur, contenant des déchets de toile grossière en partie calcinée, des fragments de poix et de bitume ou matières enduites de bitume.

A Capdenac, la pente de 20% entre la fontaine et l’agger permet à des « tonneaux de suif et de poix enflammés » de rouler sans encombre vers les ouvrages romains, et à des soldats de « descendre au pas de course et de combattre de loin sans prendre de risques »

Croquis d’André Sors (1965)

L’agger avait une base de 45 m sur 33 m pour une hauteur de 18 m. En 1973, à l’occasion des travaux sur le tracé de l’axe Brive Méditerranée il a été possible de découvrir et protéger l’un des murs de soutènement et d’épaulement de l’agger. Classée, la partie qui devait disparaître est protégée et visible actuellement sous la route.

Illustration des ouvrages gaulois et romains sur vue aérienne

« Les travaux et galeries sont menés vers les veines de la fontaine et la tarissent ». Les 5 travers bancs creusés par les commissions de 1956 et des années 1960/70, ont révélé deux tranchées dirigées vers le pied de la falaise. Ces tranchées, (couvertes à l’origine conformément aux techniques romaines, vineae), aboutissent à une galerie avançant vers la fontaine Gauloise. Compte tenu de la topographie des lieux, la réalisation de cette galerie était insoupçonnable pour les assiégés. Arrivée au niveau de l’actuelle fontaine Romaine, la galerie, (cuniculi), a percé les veines de la source principale, ceci a eu pour effet de tarir subitement la fontaine Gauloise. Cette galerie, est dégagée et accessible. Un glaive romain (type gladius hispaniensis), est découvert en 1910 dans une anfractuosité de la falaise au-dessus de la fontaine de César.

Principaux vestiges du siège représentés sur ce plan cadastral de 1953 (Jean Ventach 1975)

Les éléments essentiels du siège d’Uxellodunum peuvent être situés avec précision sur cet ancien plan, mais aussi, de nos jours, sur le terrain : la terrasse agger, le puits-fontaine gaulois, la fontaine de César, les 2 tranchées romaines, …

Contrairement à Puy d’Issolud, où les lieux de fouille n’ont pratiquement jamais été cultivés, l’exposition privilégiée et la fertilité des terres ne facilitent nullement les recherches de mobilier sur le site de Capdenac et ses environs. En effet, plus de 20 siècles de travaux agricoles et autres labours ont mélangé les couches archéologiques et rendent difficile la datation des très rares objets rescapés. En contrebas des falaises, seul le déblai des importants éboulis permettrait l’accès à des fouilles méthodiques. Cette encombrante accumulation a cependant le mérite d’avoir protégé les couches antiques du pied de ces escarpements.

Notons que la préservation du mobilier archéologique d’une bataille est soumise à l’état du terrain le jour des faits. Un champ de bataille boueux et copieusement piétiné par les combattants, est plus apte à le conserver qu’un terrain sec. Or, les derniers combats à Uxellodunum se sont déroulés en Juillet / Août, c’est-à-dire en période non humide, voire de sècheresse, (fréquente dans le secteur). Ceci a eu pour effet de laisser en surface la grande majorité des objets perdus sur le site. Leur récupération en a été grandement facilitée après le siège, et en explique la rareté. Encore qu’il convient de noter que de nombreux vestiges d’armement antique y ont été récoltés, mais dispersés, et même envoyés au musée de Martel …

Capdenac est entouré de lieux en hauteur réputés avoir été des camps Romains : Celui de Laroque, dit « de César », est situé à 400 mètres face à la fontaine Gauloise, qu’il domine de 45 m. De là, il était aisé de surveiller les travaux des soldats Romains et les Gaulois même à l’intérieur de leurs murs. Celui de Malirat est situé à 450 m à L’Est du premier, et à 600 m du mur d’enceinte de l’oppidum Gaulois. Celui du Vern est à 400 m à l’Ouest de celui de Laroque. On en compte de nombreux autres à l’entour de Capdenac : Lavacalerie, Lescamps (Livihnac), Montredon, L’Hopital Esclauzels, La Capelette, Fumat, le Cingle, Trigodina, le Cayla, Ombrabols, le Verdier, etc. Le plus important est celui du Teil qui s’étend en situation dominante sur plus de 20 hectares, à 1200 m au Sud d’Uxellodunum.

Vestiges des camps romains autour de Capdenac - Dessin de Jean Ventach (1977)

Concernant la « sortie aux vivres » (qui coûta la vie à Drapès et à ses hommes), puis la fuite et la capture de Luctérios, le circuit à l’ouest de Capdenac, est en parfaite cohérence avec le texte latin :

 


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Uxellodunum - Capdenac (Association APUC)
Directeur de publication : Mathieu MARTY (président de l'association "Archéologie – Patrimoine – Uxellodunum - Capdenac" (APUC) - Rue de la Commanderie - 46100 CAPDENAC - Tél : 05 65 34 05 85)