Au mois d’Avril 2001, la Direction Régionale des Affaires Culturelles, en présence de quelques responsables du ministère de la culture, réaffirme avec solennité devant la presse régionale et quelques médias spécialisés invités pour l’occasion : « … des fouilles réalisées depuis 1996 par une équipe d’archéologues ont permis d’établir avec certitude que le site du Puy d’Issolud, dans le Lot, était bien le lieu de la bataille qui a mis un point final à la conquête de la Gaule par les légions romaines … » (AFP - 25/4/2001).
Le site concerné est celui de la fontaine de Loulié, au Puy d’Issolud (communes de Vayrac et Martel). Ce lieu, particulièrement controversé encore de nos jours, avait déjà été déterminé arbitrairement par Napoléon III, en dépit des études réalisées par de nombreux chercheurs, dont les frères Champollion.
Les invraisemblances de la localisation « officielle »
Puy d’Issolud n’a jamais été une « ville » : aucun vestige d’habitation n’a été découvert sur ce plateau, pas plus que les traces de la moindre citerne, bien que ses 80 hectares ne possèdent pas de point d’eau.
Il n’est pas entouré par « une seule vallée » , où coule « une seule rivière à la racine du mont » : la Tourmente est un ruisseau situé à plus de 200 m. La Sourdoire, plus petite, coule au plus près à 350 m. Toutes deux auraient été faciles à détourner par les soldats Romains, rompus à de bien plus importants travaux. A quoi bon détourner des cours d’eau guéables à souhait ? Quant à la Dordogne, elle est à plus d’un kilomètre et ne gênait nullement l’approche de l’oppidum. Il ne servait à rien à César de placer des archers et des frondeurs sur les rives opposées des plus proches cours d’eau, il lui suffisait de les franchir et d’en interdire l’accès aux assiégés.
Aucune fontaine « abondante » ne « jaillit » au « pied du mur de la ville » : il y n’existe qu’un point d’eau, présumé être la source gauloise et servant de base aux travaux, dont la situation interdit que l’on s’y rende autrement qu’en file indienne. Incapable de subvenir aux besoins des assiégés, celle-ci est inaccessible aux chevaux et au bétail. Elle n’est pas située « du côté que laisse libre le circuit de la rivière », la rivière ne faisant aucune boucle autour du site, ni près de cet « espace de 300 pieds », lequel, par la force des choses, n’y existe pas. La « fontaine » présente à Loulié en contrebas du point d’eau, n’a jamais été tarie.
Les constructions des ouvrages romains, (agger, tour), doivent être bâties au moins à 100 m des remparts de la ville pour être hors de portée des projectiles des assiégés. De l’agger de 18 mètres, il ne subsiste aucun vestige. Son emplacement est supposé et souvent remis en question. De plus, entrepris à moins de 20 mètres de la fontaine gauloise, pour « dominer le faîte de la fontaine », ces travaux eussent été particulièrement risqués. Quel intérêt de construire sur l’agger une tour de 10 étages surplombant un point d’eau pratiquement à ses pieds ? La masse de l’agger et ses quelques 80 000 mètres cube de matériaux (selon croquis « officiels ») n’ont laissé aucune trace, ni d’extraction, ni de déblai.
Selon la configuration « officielle » du site du Puy d’Issolud (croquis ci-dessus), en totale contradiction avec le texte :
- l’agger est « supposé » en surplomb et … à moins de 20 mètres de la fontaine. Construction irréaliste !
- selon ce schéma et la disposition réelle du site, les « tonneaux enflammés » lancés par les Gaulois auraient roulé non pas sur les « ouvrages romains », mais se seraient brisés sur la fontaine gauloise, … Inimaginable !
- comment des soldats auraient-ils pu « descendre au pas de course » sur cette pente à plus de 80% ... ? Impossible ! ... etc...
Cet oppidum de 80 hectares ne peut être défendu par 2 000 Gaulois face à 30 000 Romains, lesquels auraient eu des possibilités d’assaut pour investir la place, sans en faire le siège, (comme le montre l’actuelle topographie des lieux et comme l’ont affirmé les experts de l’Ecole de Guerre, en 1997).
Aux alentours, les camps romains supposés sont situés plus bas que l’oppidum. Les Romains ne pouvaient donc « voir dans la place ».
« Les Romains entreprennent de creuser des galeries vers la fontaine Gauloise, afin de l’assécher ». Était-il besoin de se lancer dans de tels travaux alors qu’il leur suffisait d’empêcher les Gaulois de se rendre à leur fontaine ? Les galeries dégagées à Puy d’Issolud sont trop élaborées pour de simples canaux de détournement d’eau. La galerie dite de Cessac fait en moyenne 2 m de hauteur pour 1,50 m de largeur. Celle de Bruzy, mesure 1 mètre de largeur mais seulement 7 m de longueur. Ces ouvrages, outre qu’ils n’aboutissent pas à la fontaine, sont curieusement situés, l’un (Bruzy), sous l’agger présumé, l’autre (Cessac), s’éloignant de l’orientation de la fontaine pour opérer un brusque virage dans sa direction. Ces galeries n’ont jamais servi à détourner l’eau de la fontaine, laquelle n’a pu être tarie faute simplement de n’avoir jamais réellement coulé (sauf en période de fortes précipitations).
Il existe à environ 200 m au Sud Ouest de la première, une deuxième fontaine topographiquement semblable, dite de Lafon. Était-elle dispensée d’agger, de tour et de galeries d’assèchement ? Pour corser le tout, au même niveau géologique une 3ème fontaine analogue dite de la Tournerie, est présente au Sud, …
Aux dernières nouvelles, ni l’agger, ni la tour ne se situeraient aux endroits précisés lors de « l’officialisation » du site, et la fontaine de Loulié ne serait pas la fontaine Gauloise …
« César, en simulant un assaut général, fait cesser le combat et les Gaulois se rangent dans leurs murailles ». Si cet épisode s’était déroulé à Puy d’Issolud, les assiégés se seraient retrouvés à 100 mètres de leur fontaine et du fait que l’artillerie de la tour les empêche de s’y rendre, il n’était plus nécessaire de la tarir. Si « Les Gaulois ne se rendent qu’après le tarissement de leur source », cela implique qu’elle devait être également accessible de l’intérieur de la ville. C’est tout à fait impossible ici.
On peut s’interroger sur le nombre impressionnant de vestiges d’armement, (plus de 1 000 pointes d’armes diverses, dont des armes de chasse à bouts ronds, outils, rejets de coulées, enclume, etc.), trouvés aux environs de la fontaine de Loulié. Les lieux des combats décrits par Hirtius, sont grossièrement circonscrits entre la fontaine et l’agger. A Puy d’Issolud, et loin de renforcer la thèse, une telle quantité de vestiges concentrée sur un si petit espace, n’indique pas nécessairement une bataille et pose bien plus de questions qu’elle ne fournit de réponses (d’autant qu’il faut ajouter à ces vestiges d’armement, tous ceux découverts depuis Napoléon, portant ainsi leur nombre estimé à plusieurs milliers supplémentaires…) Ce mystère à lui seul mériterait une étude dépassant la simple querelle Uxellodunum.
Tout ceci est en totale contradiction avec le récit d’Hirtius et l’on comprend mal un tel acharnement à vouloir à tout prix localiser Uxellodunum en cet endroit où rien ne concorde.
Si quelques auteurs pensent retrouver Uxellodunum à Puy d’Issolud, un, primordial, est oublié : Hirtius … Et, n’oublions pas que les rapports de quelques « spécialistes » ne parviendront jamais à gommer un fait essentiel : le site de Puy d’Issolud ne correspond aucunement à ses écrits dans le livre VIII de la guerre des Gaules.